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Samba-Intouchables, le jeu des 7 différences

Omar Sy et Tahar Rahim entourés des deux réalisateurs de Samba, Éric Toledano (à gauche) et Olivier Nakache (à droite).

Pas facile de se renouveler après un tel triomphe. Trois ans après le premier, le nouveau film d'Éric Toledano et Olivier Nakache reprend les mêmes recettes et déçoit. Le Figaro  s'est prêté à la comparaison.

Éric Toledano et Olivier Nakache sont des champions de la promotion. Ils ont de l'entraînement depuis le service après-vente d'Intouchables dans toutes les langues pendant des mois. C'est tout de même dans leur langue maternelle qu'ils sont les meilleurs. Avec une communication bien rodée. «Prise de risque», «pas d'Intouchables 2», «traiter des sujets sérieux en comédie»… Les éléments de langage tournent en boucle. Et si Samba, leur cinquième long-métrage, était simplementIntouchables en moins bien? Revue comparative des deux films.

Adaptation d'un livre

Intouchables.Toledano et Nakache flairent la belle histoire en découvrant un reportage à la télé sur Philippe Pozzo di Borgo, auteur duSecond Souffle. L'homme d'affaires milliardaire devenu tétraplégique après un accident de parapente y retrace son destin brisé. Parfait pour la caution «inspiré d'une histoire vraie». Abdel Yasmin Sellou devient Driss, auxiliaire de vie préféré des Français.

Samba.Les deux réalisateurs rencontrent Delphine et Muriel Cousin au festival de New York. Les deux sœurs cinéastes (17 Filles) arrivent à les convaincre d'adapter le roman de la première, Samba, pour la France. La romancière s'inspire de son expérience à la Cimade (Comité inter-mouvements auprès des évacués) pour raconter l'histoire lénifiante d'un sans-papiers malien. Les réalisateurs ajoutent le personnage d'Alice (Charlotte Gainsbourg), ex-DRH en déprime.

Le duo

Intouchables. Un aristocrate en fauteuil roulant et un jeune de banlieue sorti de prison. Toledano et Nakache n'inventent rien mais donnent un nouveau visage au duo dépareillé. L'humoriste de Canal + Omar Sy et l'acteur CSP + François Cluzet bien dans leur rôle et chacun à leur place crèvent l'écran.

Samba.Un sans-papiers sénégalais affublé d'une OQTF (obligation de quitter le territoire français) et Alice, cadre bénévole dans une association, qui relève d'un burn-out en entreprise. Omar, gentil immigré clandestin, et Charlotte Gainsbourg, paumée en mal d'amour, jouent l'alliance des contraires. Repeint en rose, le drame social est décrit de manière idyllique ; et la romance tient du conte de fées.

Omar Sy

Intouchables .«Pas de bras, pas de chocolat.» Omar Sy, alias Driss, fait des étincelles en vanneur sans pitié. C'est d'ailleurs ce qui plaît à Philippe: qu'il ne s'apitoie pas sur son sort et le traite comme un valide. Pas touche au pathos.

Samba.Omar Sy prend l'accent africain. Au début, ça surprend (sors de ce corps, Michel Leeb!). Après, il le perd. Sans-papiers dans la mouise, Samba tente de rassurer Charlotte Gainsbourg et le spectateur: il aime bien faire des blagues. L'humour est sauf, mais on peine à rire. Le rôle de composition agit ici comme un éteignoir. Sy avance avec le frein à main.

La scène de danse

Intouchables.Dans tous les films de Toledano et Nakache, il y a une scène de fête. Driss se lâche à l'anniversaire de Philippe. Il met le feu au parquet de l'hôtel particulier sur Boogie Wonderland, d'Earth, Wind & Fire. Un pur moment de bonheur.

Samba. Les bénévoles de l'association d'aide aux sans-papiers ont aussi le sens de la fête. Le soir du réveillon, Hélène Vincent, fan ultime de Bob Marley, chaloupe sur Get Up, Stand Up. Samba n'est pas d'humeur à danser. On bâille dans son fauteuil.

Demandeur d'emploi

Intouchables. Driss connaît Vivaldi par la musique d'attente de la ligne téléphonique de Pôle emploi. Son association avec le riche Philippe est d'abord un travail. Sauf qu'aller à l'opéra écouter des arbres qui chantent en allemand, masser les oreilles de François Cluzet ou prendre des bains moussants dans un hôtel particulier est un métier qui n'existe pas. Cela autorise la fantaisie. Toledano et Nakache ne tournent pas un documentaire réaliste sur l'aide à domicile. Ils restent dans la comédie bon enfant.

Samba. La première scène, un lent travelling, montre Samba en train de faire la plonge lors d'un mariage, avant de récupérer les restes de nourriture à la fin. L'un des nombreux boulots que notre sans-papiers exerce quand il n'est pas occupé à flirter. Toledano et Nakache ont enquêté, se sont documentés. Vigile de nuit dans un centre commercial, tri des déchets, montage d'échafaudages, laveur de carreaux en haut d'une tour… Autant de vignettes indolores, de saynètes chromos dont la dureté est à chaque fois gommée par un gag pas franchement drôle. Travailler plus pour rire moins.

Une femme

Intouchables. Driss en pince pour Magalie (Audrey Fleurot), l'assistante de Philippe, et on le comprend. Il prend des vestes et collectionne les râteaux. Le macho rigolo garde le sourire, son sex-appeal n'est pas en cause: la rousse piquante et affriolante se révèle lesbienne.

Samba. Le sans-papiers timide s'entiche de la bénévole dépressive. On se demande un peu pourquoi. Charlotte Gainsbourg est triste à pleurer. Elle cède au charme du corps musculeux d'Omar Sy. Manu (Izia Higelin), sa collègue de la Cimade, devine la «chaudasse» sous le masque de la sainte-nitouche. Elle est bien la seule. Il faut patienter près de deux heures pour voir un «début d'abus»: des petits bisous et Omar torse nu. On a connu Charlotte Gainsbourg plus volontaire.

Le message

Intouchables.Paralysé, dépendant, le grand bourgeois incarné par François Cluzet reflète le sombre état des élites françaises. Malgré sa fortune, il est à bout de souffle. Heureusement, Omar Sy vient à son secours. Ses atouts sont ses muscles, son humour, sa formidable vitalité. Il redonne un sens à la vie du milliardaire épuisé. Au passage, chacun apprend à mieux connaître le monde de l'autre et leur alliance les rend plus forts. Ça va vite et on a envie d'y croire.

Samba. Dépressive, sans éclat ni moteur, Charlotte Gainsbourg est le top-modèle - peu désirable - d'une France en panne d'espoir. Sa rencontre avec Samba va la sauver. Par son courage et sa bonne volonté, le gentil clandestin, dont on se demande vraiment pourquoi la police le pourchasse, va rendre son sourire à la jeune Française. Mais Samba n'est pas vraiment drôle ; et il a pris du poids. On est plus proche de l'univers de Nicolas et Pimprenelle que de celui de Roméo et Juliette.

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5 commentaires
  • Paro59

    le

    Le prochain c'est "Un jour à Calais" avec Patrick Bruel, Guy Bedos et Yannick Noah dans les rôles principaux??
    Tout est bon pour faire du fric et faire couler une larme dans les chaumières.

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